dimanche 1 décembre 2013

Le livre se referme là

Reste cependant son ombre, trace qui fut. Malgré tout.
Double noir. Visite des origines.

vendredi 29 novembre 2013

Dernier épilogue: le secret

         

Elle ne pensait pas que ce fut chose possible. Seulement chez les autres, ou dans les romans ou essais de psychanalyse, croyait-elle.
Or, à présent, cela venait de lui arriver - à elle: une chose avait été enfouie, refoulée, au plus profond de sa mémoire et cette chose, à la limite de l'inavouable, venait d'apparaitre.
          Sa première réaction, lorsqu'elle entendit Mme C. S. la nommer, fut de rire: c'était ridicule, si loin de la vérité - cela ne correspondait à aucune sorte de réalité connue ni vécue, du "n'importe quoi". Mais au fur et à mesure qu'elle trouvait les mots pour défaire l'hypothèse (invraisemblable pensait-elle) qui était émise, ces mêmes mots, sitôt exprimés,  la trahissaient et révélaient la chose même qu'elle était en train de rejeter.
          Se pouvait-il qu'elle avait pu ignorer une chose si évidente, si réelle ? Un tel évènement, situation avait pu se dérouler sans qu'elle le sache ?

          Cette chose énorme, dont on ne parle, avec les autres, qu'à voix basse et qui représente le tabou suprême, sa mère le lui avait fait goûté, à distance, cela, oui, elle l'avait toujours plus ou moins pressenti (elle disait: amour fusionnel et l'avait, adolescente, souvent traitée de sorcière) mais cela, cela, en pensée, avec son frère ?
          C'était totalement inouï, inconcevable... Inconcevable qu'elle ne l'ait pas su.
       
          A ce moment même du "dévoilement", se produisit une chose qui la laissa stupéfaite: le poids qu'elle portait et faisait porter à l'autre, le jeune homme, depuis si longtemps, se déporta entièrement et subitement sur son frère et elle. De "l'autre côté", il ne restait plus rien, rien du tout: un vague "copain" - et rien de plus.
          Cela se passa si vite, qu'elle n'eut même pas de mots pour cela, pour l'autre - tant celui-ci était devenu insignifiant et lorsqu'elle revint sur elle, elle eut juste le temps de réaliser l'énormité de ce qu'elle avait refoulé, gardé caché, non su à ses propres yeux, que subitement ce poids si neuf lui explosa entre les mains et fit place à une légèreté: une libération: "c'était donc ça !"

          Le sentiment de faute ou de honte n'avait duré que quelques secondes. Les deux mouvements s'étaient succédés si rapidement qu'elle en avait le tournis. L'espace avait basculé, elle ne savait plus où elle se trouvait. Vivre en un temps si court l'effroi, la faute, le poids puis la libération la laissait ivre. Impression d'être sur un grand huit, touchant alternativement le ciel et la terre. Il n'était question que de sensations organiques et de visions; la pensée construite ou la réflexion viendrait bien plus tard.

          Le lendemain matin, tout s'éclaircit.
          Vivre avec une telle chose à l'intérieur de soi et si longtemps et faire qu'une autre partie de soi ne s'employait qu'à la faire taire, ne pouvait pas être vivable en soi. Un jour ou l'autre arriverait ce moment où elle se mettrait en situation de rencontrer quelqu'un qui pousserait la porte. Et là, l'amour fraternel revivrait, intact comme à son origine...
          Les mêmes mots que pour le frère.
          Le même désir de protection pour lui, contre le Mal qui l'avait emporté
          La même complicité fusionnelle
          La même pureté ressentie
          Les mêmes "monstres sortis du placard" - comme elle le lui avait si bien écrit un jour, sans le savoir.

          Telle est la fin de cette, tout de même, bien incroyable et romanesque histoire...




dimanche 27 octobre 2013

Épilogue

Il n'y a pas la Mère, ni le Père. Il y a les mères et les pères.

"Les pères t'ont rattrapé et ils t'ont mis la peur au ventre" avait-elle pensé, il y a longtemps.
"Les mères m'ont eue !" découvrit-elle un jour

Où la mère était une petite fille,
la petite fille de sa mère
perdue trop jeune.
Deuil impossible à surmonter. Son premier enfant devait l'aider à lui donner de la force pour cela
"C'est l'enfant qui te donne de la force, qui te met dans la vie"
Oui. La mère n'était qu'une petite fille et elle ne le savait pas.
Petite fille engendrant une autre - qui devait sous peine de (retomber dans la) mort lui rendre son désir à elle. Se conformer à son désir.
Où la petite fille devait sauver sa mère. Se sacrifier.
Pour recevoir gratification et reconnaissance.
"Bonne petite fille"

Plus tard, devenue femme, cette petite fille usa toute sa force, tout son amour, toute sa protection à celui qui le lui demandait: un (presque) fils ? ne sachant pas qu'en retour elle se nourrissait de la sienne et quand vint le moment où il la dégrada, elle lui courut après, lui quémandant cette reconnaissance que lui seul pouvait lui donner - sa mère.
N'avait-elle pas dit un jour: "Frère et soeur ? Mère/enfant ?"

L'enfant, des deux côtés, donnait du plaisir à sa mère.

L'énigme était, après plus de deux années, résolue.

jeudi 24 octobre 2013

Le voile tombe

Oh douleur sans mot
pour celui qui a vraiment disparu
un été - bonté aux lèvres.

Oh fourvoiement stérile
à l'égard de celui qui joue à disparaître
danse vaine.

Oh douleur sans mot
pour celui dont on ne peut se souvenir
sans être transpercée

Oh douleur sans mot
chair à jamais retournée
où trouver sa place ?

Oh erreur erreur deuil toujours là
tombe noire

Oh erreur tombe erreur stupide erreur
tombe noire - mon lit

C'était lui et pas l'autre.
Un été parti
les mains vides, lui
et pas l'autre.

Les orchidées attendent toujours.


mercredi 23 octobre 2013

Recommencement

Aujourd'hui, en parlant de lui, pour faire bref, j'ai dit: "Il est parti et m'a accusée".
Et, sidérée, j'ai réalisé que je racontais son histoire, sa vieille et unique histoire, rejouée sans cesse et sans doute, sans le savoir - mais pas la mienne, encore.

samedi 5 octobre 2013

Nuit sans retour


Ce qui s'était passé - dans ces années noires:
Un acte infime, parfois, vous fait sortir hors de la forêt mystérieuse et bienveillante que vous vous êtes choisie - pour vie. L'arrachage à soi qui s'ensuit peut vous faire perdre votre âme, vous propulser dans la nuit froide dans laquelle plus aucun vent ne souffle.
Alors -

Vous demeurez immobile. Un mensonge a retourné le paysage et la forêt n'est plus.

vendredi 12 juillet 2013

Souvenir

Ce soir, elle se souvint de lui et devant l'immobilisme de la situation, elle sourit tristement à l'idée que le papier de toute cette histoire s'effritera bien vite, de lui-même, et ne deviendra plus que laideur et médiocrité. Envolés les sommets ! Effacées les montagnes ! Jamais existés les rêves fous et même les échecs joyeux ! Plus d'illusions !
Contre cela, elle avait lutté de toutes ses forces. Elle s'était cassé les ongles et les mains, puis le coeur mais on ne peut rien contre la pierre, pensa-t-elle, la peur devenue pierre.
Elle aurait bien voulu que de l'autre côté, il y eut combat - même contre elle. Mais même cela n'avait pas existé: que la fuite et ce gigantesque brouillard qui maintenait le monde dans ses diaboliques origines - origines, pourtant, par les mots, honnies.

L'artiste, n'était-il pas celui qui ne pouvait s'empêcher de traquer - sublimer ? - la beauté en toutes choses ? S'était-elle trompée sur lui ?

Cette laideur, qu'elle n'avait pas du tout souhaitée, arrivait à grands pas et il fallait qu'il agisse vite, à présent, s'il ne voulait pas qu'elle colore tout le passé commun.



jeudi 6 juin 2013

Départ

Joie de contempler
derrière soi
Moment délicieux
des départs
qui ne mentent pas



mercredi 24 avril 2013

Enfin

Lâcher
Ne plus rien comprendre
Ne plus rien vouloir
Laisser
Aller
Les eaux souterraines
Se souvenir
Qu'elles ont leur part
De secret
...
Ne pas troubler
L'eau
du fleuve

Ne pas le remuer
Telle avait été
Sa
      faute
                innocente
----------

Car enfin l'homme s'était perdu - voilà tout
et s'étant perdu avait commis des "mochetés" comme disent les enfants.
N'étant que préoccupé par lui-même, à se trouver.
"Tu te perds"

jeudi 18 avril 2013

Patience

Même si elle était loin de tout cela à présent, le silence glacial en guise de réponse à sa question -tout à fait anodine - provoqua la même humiliation qu'aux premiers jours. 
Il vivait, depuis deux ans, en pays étranger et c'était grâce à elle qu'il était parti.

Elle avait beau savoir que l'intention de celui gardait le silence était dénuée de mépris, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait savoir qu'une telle attitude était d'une extrême violence à son égard et qu'il fallait être dénué de sensibilité pour infliger à l'autre une pareille gifle.
Elle la reçut, malgré tout, avec vaillance et décida de ne pas y répondre, ne connaissant pas avec exactitude les circonstances dans lesquelles celle-ci avait été donnée. Sans doute, se dit-elle, encore cette satanée, vieille et absurde paranoïa envers elle...  (elle se rappela de la délirante pensée: "Tu aimes à fouiller l'esprit de l'autre") mais rien ne venait infirmer ou affirmer que ce fût cela, tant que l'autre se dérobait à toute explication.

Oui, elle prit cela avec vaillance, s'interdisant toute colère et rancoeur, prenant encore pour la nième fois sur elle, mais la douleur de se voir ainsi traitée d'une manière si injuste resurgit intacte, comme la première fois. Il lui fallait trouver un sens pour contrer et supporter l'irrationnel encore qui lui arrivait de pleine face et elle ressortit des tiroirs la même vieille histoire, celle à laquelle elle avait eu recours tant de fois (sauf un jour où elle l'ignora délibérément, ne cherchant plus à le justifier): le garçon, fragile, à la mémoire encore attachée au passé, ne supportait aucun rapport de vraie proximité tant celle-ci constituait un écho fatal aux liens anciens.

Celui-ci  réclamait alors une liberté qu'aucun être n'eut jamais connu, une liberté absolue, une existence sans influences d'aucune sorte. Voilà pourquoi toute histoire sincère et profonde vécue par lui se transformait, à chaque fois en une origine qu'il fallait qu'il quittât, l'attachement étant impossible car synonyme d'enchainement et de prison. Peut-être même la profondeur de la relation qu'ils avaient eu, l'écart d'âge l'avait hissée, sans qu'elle y prenne part volontairement, à une place de pouvoir - qu'elle occupait, dans son esprit à lui, toujours. Or s'il avait su le malaise et le dégoût que cela avait été, pour elle, d'être tenue, par lui, pendant ces longues années comme quelqu'un de "supérieur" ("Une amie ? non, tu es trop grande !") et la profonde déception ressentie, elle qui ne rêvait que d'une seule chose: qu'ils soient partenaires, égaux, dans une relation d'amitié fraternelle, s'il l'avait su, il aurait réalisé que tout ceci n'était que projection.

Elle ressortit donc cette vieille histoire et reconvoqua encore une fois la patience. Attendre encore.
Attendre. Donner du temps au temps, le temps que celui-ci vive pleinement et jusqu'au bout ce qu'il avait à vivre, connaisse succès et erreurs. Attendre qu'il fasse, selon ses ropres dires, le tour de sa trajectoire en forme d'ellipse. Attendre surtout qu'il rencontre la bonne personne qui le guide. Lui donner le temps de se construire et se trouver - avec d'autres;  alors, se dit-elle, viendra le jour où il aura acquéri assez de lucidité, de solidité, de courage, de conscience et maturité pour enfin la revoir.
.......................
Et puis aussi, se dit-elle quelques heures plus tard: "je n'ai rien à voir avec tout ceci, après tout, c'est son problème, plus le mien".

mercredi 20 février 2013

Libre


Partir de cette histoire qu'elle écrivait, partir loin des personnages couchés sur le papier de ses rêves, reprendre ailleurs l'histoire - sentiment d'immense liberté. Sourire léger, juste ce qu'il faut de nostalgique, arrière goût de tendresse. La chaleur de tout ce passé se transmuait en force, non pas en énergie, qu'elle situait quelque part dans ses membres, mais en force, c'est-à-dire: foi.
Elle sut qu'elle se trouvait sur un nouveau chemin, remplie comme elle n'avait jamais été...
Comment avait-elle dit ? "Aussi large que le monde", coïncidant avec elle-même.
Alors elle se souvint de cette parole qui l'avait transpercée: "Tu es une belle personne: tu es toujours à la même place".

mercredi 23 janvier 2013

A nouveau

Ce soir, l'océan qui revient
immense et bleu
rapportant sur son dos
son lot de lumière.

Et à nouveau ce vertige
connu, consolateur
brise qui claque
et bonds
au-dessus des falaises...

Liberté retrouvée !


lundi 21 janvier 2013

MOTS DE L'ENFANT


Explication d'une leçon mal comprise en anglais et devoirs à la maison. L'enfant fait une crise: pleurs, cris, gestes désordonnés et me lance des mots de haine: "Vas-t-en ! laisse moi tranquille, tu me stress..."
Et dans cet embrouillamini de paroles désordonnées, lâche tout à coup: "Je ne supporte pas quand tu te trompes, tu comprends ? j'aime pas, c'est comme si c'est moi qui me trompais"

lundi 14 janvier 2013

Lâcher

Attendre. Ne plus vouloir.
Un jour, viendra le temps où elle recevra de ses mains
Le sens de tout ça.

Elle pourra alors définitivement
partir
A moins que ce soit l'heure
du retour ?

dimanche 13 janvier 2013

Question



- Pourquoi faut-il que moi seule voie le ciel ?
                        - .........

mardi 1 janvier 2013

Cordélia


Folie la tentation, toujours et encore...

Dialogue entre Cordélia et le Monde

- Où es-tu, toi dont je ne vois plus que le dos ?
- Là où mes pieds m'emmènent et nulle part ailleurs.
Lâche-moi.
- Je t'ai vu de face, un jour.
- Ceci est mon vrai visage, sache-le.
- Retourne-toi et regarde-moi.
- Illusion ! Tu as rêvé je te dis. C'est toi le mensonge.
Toi qui, dans ta folie et ton orgueil, t'obstine à tordre le cou 
à chaque parcelle du monde afin de lui faire avouer sa beauté.
Va-t-en maudite sirène. Je suis né boiteux et
te jette mon diamant - ton or ? à la figure.
- Retourne-toi et regarde-moi. Tu es beau
- Reprends ton bien,
ton rêve fumeux et ensorcellant
et fais-toi en une corde.
Tord-toi le cou avec
et que je n'entende plus 
ta poésie
- Je chanterai et lèverai une armée contre toi
et bataillerai jusqu'à ce que tu cèdes.
- Des guerriers, ta misérable troupe ?
- Des soldats vaillants 
et même si je devais rester seule
je ne cesserai de te faire face.